Mon jeune fils a été déscolarisé à la suite de troubles phobiques au collège. Il s’est réfugié dans l’alcool. A démarré une véritable descente aux enfers, pour lui bien sûr, et pour moi sa mère qui l’élevait seule : allers- retours entre hospitalisations, mises en danger et conduites suicidaires, cures et rechutes à répétition.
J’ai cru le perdre plusieurs fois. En réalité moi aussi, j’étais en train de sombrer. A quoi s’ajoutait une grande culpabilité en tant que mère : qu’avais-je si mal fait pour en arriver là ? C’était la double peine : endurer seule cette épreuve et me sentir responsable de cette situation. Le corps médical, hélas, était logiquement concentré sur mon fils, et ne m’a pas beaucoup aidée durant cette période. J’avoue avoir pensé au pire, tant la situation était inextricable.
Et puis un jour, une amie m’a suggéré les groupes de soutien Al-Anon. Je me souviendrai toujours de cette première réunion. Je me retrouvais enfin avec des personnes qui comprenaient. Pour la première fois, j’ai entendu que l’alcool est une maladie. Que vouloir contrôler l’alcoolique est contre productif. Et surtout qu’il fallait que je m’occupe de moi. A la fin de la réunion, un ami est venu me voir et m’a dit « Tu n’es pas coupable, tu es une bonne maman ». J’en ai encore des frissons.
C’était il y a 4 ans. Cette fraternité pour moi a joué un rôle irremplaçable. Aujourd’hui je vais mieux, mon fils est abstinent, un jour à la fois, et a repris des études. Je sais que le chemin est long et chaotique, mais je ne suis plus seule.
Une maman.